Manifeste pour le Droit à la Médiation
Du Contrat Social à l’Entente Sociale : l’émergence du droit à la médiation
Un engagement collectif
Les Médiateurs Professionnels, réunis sous l’égide de leur Syndicat Professionnel, la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation, exposent ci-après les conditions nécessaires à la mise en place du droit à la médiation.
Reconnaître une science de la relation
Une science de la relation doit être reconnue comme discipline à part entière. L’Ingénierie Relationnelle outille la Médiation Professionnelle. Elle a pour champ d’étude les structures et interactions en communication.
Aujourd’hui, ces savoirs sont l’exclusivité de l’Ecole Professionnelle de la Médiation et de la Négociation. Ils établissent la corrélation entre la qualité relationnelle et la résolution des conflits.
Un changement de paradigme
La reconnaissance de l’ensemble de ces savoirs et de cette recherche implique un changement de paradigme en invalidant l’idée reçue que les comportements d’affrontement seraient l’expression d’un libre choix tandis qu’ils sont dus à l’ignorance de savoir comment faire autrement.
Aux méthodes actuelles de « gestion des conflits » privilégiant des approches à dominante morale, juridique ou psychologique, l’Ingénierie Relationnelle et la Médiation Professionnelle consiste dans la mise en place d’un processus structuré et rationnel de résolution des différends.
Cette différence fondamentale doit être reconnue, parce qu’elle s’inscrit dans le même débat concernant l’exercice de la liberté de conscience pour garantir la laïcité.
Une profession éthique librement organisée
L’Ingénierie Relationnelle et la Médiation Professionnelle promeuvent un meilleur exercice de l’autonomie et de la responsabilité. Elle favorise la découverte ou la réappropriation des fondamentaux de la confiance, et de l’altérité naturelle qui fondent le ciment social.
Elle est pratiquée par les professionnels de la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation, engagés par leur code d’éthique et de déontologie, le CODEOME.
Des garanties légales nécessaires
L’encadrement juridique doit être de même type que celui des professions non liées à l’Etat, par exemple comme celles du journalisme.
Pour que l’indépendance, l’impartialité et la neutralité soient préservées, les systèmes d’autorité doivent être dissociés de la médiation. Cette condition d’exercice est aussi importante que la loi française de 1905 instituant la séparation des religions et de l’Etat.
Une acquisition dès l’école
L’ingénierie relationnelle et les dispositifs de la médiation professionnelle fondée sur l’altérité ont tout lieu d’être enseignés à l’école.
Ces savoir-faire répondent au besoin de mieux comprendre les modes de fonctionnement des organisations et des personnes, et d’acquérir les compétences de prévention et d’anticipation des heurts.
Ils permettent très tôt de changer le mode d’approche d’autrui, de basculer de la méfiance, de l’adversité et des rapports de force qui s’ensuivent vers les comportements de solidarité qui garantissent la sécurité dans notre organisation sociale.
Un corpus juridique cohérent associé à un projet de société
Le Code de la médiation, recueil des textes annotés et commentés, initié au sein de la CPMN, doit être repris par le législateur pour réaliser la mise en cohérence indispensable des dispositifs officiels.
Pour accélérer la diffusion des dispositifs, un ministère de la médiation doit porter ce projet.
Une promotion de l’Entente Sociale
Pour lutter contre l’ignorance, en 1793, en France, la Convention a inventé le droit à l’instruction.
En 2013, la Chambre Professionnelle de la Médiation et de la Négociation s’engage pour que, au lieu du principe de servitude qui contraint tout justiciable, la médiation professionnelle offre un droit reconnu, le droit à la médiation, qui permet aux personnes de préserver leur libre décision et d’outiller l’Entente Sociale, puisque c’est par elle, l’entente, que s’initie toute relation.